On y est ! Après la validation
haut la main d’un diplôme pour lequel vous n’avez pas travaillé autre chose que
vos relations privilégiées avec le corps enseignant, vous intégrez une licence en
alternance. Préparez les CV et lettres de motivation, faites chauffer internet
et balancez vos candidatures à tout va, en espérant à chaque SPAM reçu qu’il
s’agira d’une proposition de date pour un éventuel entretien d’embauche avec
une société auprès de laquelle vous ne vous rappeliez même pas avoir postulé.
Les entretiens d’embauche,
parlons-en tiens ! Prenons, au hasard, une société de grande envergure.
Combien d’étapes faut-il passer avant même de pouvoir rencontrer une première
personne physiquement, qui ne sera : ni la personne POUR QUI vous
travaillerez, ni la personne AVEC QUI vous travaillerez, et encore MOINS la
personne que vous pourriez REMPLACER ?! Il y a tout d’abord l’envoi du CV
via une plateforme incompréhensible aux caractéristiques multiples qui
permettent à un algorithme bidon de déterminer si vous correspondez ou non aux valeurs de l’entreprise.
Ensuite, si cet algorithme a daigné faire sortir votre CV du lot incommensurable de candidatures reçues, vous recevez un appel téléphonique, à une heure incongrue, lorsque vous êtes évidemment dans les transports en commun, face à un homme qui se cure allègrement le nez et écrasée par une dame obèse qui vous reproche de prendre de la place lorsqu’elle en prend, à elle seule, deux sur trois. Le réseau étant évidemment optimal sur cette parcelle de votre trajet, vous tentez malgré tout de paraître professionnelle et à l’écoute de votre interlocutrice :
Ensuite, si cet algorithme a daigné faire sortir votre CV du lot incommensurable de candidatures reçues, vous recevez un appel téléphonique, à une heure incongrue, lorsque vous êtes évidemment dans les transports en commun, face à un homme qui se cure allègrement le nez et écrasée par une dame obèse qui vous reproche de prendre de la place lorsqu’elle en prend, à elle seule, deux sur trois. Le réseau étant évidemment optimal sur cette parcelle de votre trajet, vous tentez malgré tout de paraître professionnelle et à l’écoute de votre interlocutrice :
« Bonjour, c’est
madame [crrrcrrrcrrr], RH de la société [crrrcrrrcrrr]. Nous avons reçu votre
CV et souhaitions agrémenter votre candidature d’un entretien téléphonique.
Seriez-vous disponible le [crrrcrrrcrrr] à 9h30 ? »
La LEM (Loi de l’Emmerdement Maximal)
étant ce qu’elle est, les seules informations que votre super téléphone dernier
cri - pour lequel vous avez tiré sur votre compte épargne que papi et mamie
avaient gentiment alimenté chaque mois depuis votre naissance et auquel il ne
fallait évidemment toucher qu’en cas d’extrême nécessité - sont les seules
informations indispensables à la compréhension de cet appel. MAIS, n’admettant
pas cette mauvaise posture, vous acceptez avec enthousiasme cet entretien, qui
reste tout de même la première réponse pseudo-positive que vous recevez depuis
2 mois de recherche, 2456 CV envoyés, 42 refus et 1263 mails automatique :
« Nous avons bien
reçu votre candidature [bla bla bla]. Si vous n’avez pas de réponse sous 15
jours, veuillez considérer que [bla bla bla]. Sans indication contraire de
votre part, nous conservons votre dossier dans notre base de données et ne
manquerons pas de revenir vers vous si une opportunité se présente. »
S’ensuit alors une loooongue
semaine, où, chaque matin, votre réveil sonne à 9h25, votre colocataire (appelons-le
Fulbert) frappe sur le fin mur qui sépare son placard de votre « coin
chambre » délimité par un rideau semi-opaque, dans l’espoir de vous faire
cesser ces vocalises d’échauffement post-réveil et pré-entretien, pour
finalement remarquer, à 9h45 que vous pouvez tenter de vous rendormir puisqu’il
ne s’agissait toujours pas du jour fatidique.
Lorsque vous désespérez de recevoir
un jour ce fameux appel, votre téléphone sonne ! Évidemment, c’était le
seul jour où vous aviez décidé de retarder votre réveil, et que les vocalises
n’avaient pas été effectuées.
« Hallooooo ???
[hum – ahem – rrrrr-] – Oui hallo, c’est Madame Dumont, RH chez la société
Swiss ID, je souhaiterais vous poser quelques questions pour cerner votre
personnage, voir si vous « fittez » avec les exigences et valeurs de
notre entreprise. Vous êtes prête ? »
Et c’est parti pour une demi-heure
d’entretien téléphonique avec LA société pour laquelle vous vous étiez juré de
ne jamais travailler ! Vous répondez tant bien que mal... Surtout mal
d’ailleurs, à la plupart des questions bateaux pour lesquelles vous étiez
pourtant préparée depuis des mois. Une
fois la torture terminée, la RH vous informe qu’elle a trois postes à pourvoir
dans votre secteur et que les responsables de chacun d‘entre eux vous
appellerons si votre candidature les intéresse.
Une semaine plus tard, le téléphone
sonne de nouveau ! C’est l’étape 2 : votre potentielle future
responsable vous appelle pour vous proposer un entretien physique. N’ayant
aucune nouvelle des seules vraies entreprises qui vous intéressent, et voyant
la deadline s’approcher, vous empruntez votre plus charmante voix et convenez
d’une date avec votre interlocutrice.
Trois jours plus tard, vêtit de
votre plus bel apparat et munit du magnifique stylo hérité de votre
arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père, vous vous présentez à l’accueil de
cette beeeeelle entreprise et empruntez l’ascenseur qui vous mènera à
« l’interrogatoire musclé ». Vous rencontrez alors une dame, la
quarantaine, étrangement peignée d’une tignasse blonde coiffée au pétard de
l’avant-veille, qui vous conduit très rapidement dans une salle au bout des
trois couloirs que vous venez de traverser. Une fois dans cette salle, cette
dame (appelons-la Danielle) se présente, ainsi que son service et le poste à
pourvoir. Bizarrement, elle n’a pas l’air au point sur les services qu’elle promeut,
mais ce n’est pas grave, on en fait abstraction ! Le moment est venu de démarrer
à votre tour votre présentation, avec vos mains tremblantes, les joues
rougissantes et votre charisme de crevette aphone. N’ayant que très peu de
conviction en votre volonté à intégrer ce poste, vous n’avez sur vous aucun
document vous permettant d’étayer votre discours ou de présenter vos travaux.
Aucun souci ! Danielle a l’air ravie et souhaite que vous les lui envoyiez
par email dès l’instant où vous arriverez chez vous. Après une heure de
torture, de regards fixes, de « euh... » sortant étonnamment de la
bouche béante de votre possible-future-manager, et de silences gênants,
Danielle fait mine de se lever, mais, d’un air grave, vous fixe et tient à vous
faire part d’une dernière information :
« Oh vous savez,
cela fait huit mois que je suis dans ce service, et je comprends finalement pourquoi
certains employés en viennent à se suicider... »
La deadline approche, pas de
nouvelles des autres postes que vous convoitiez tant, [DRIIIIIIING ! DRIIIIIIIIING !],
surprise ! Danielle vous embauche, vous commencez dans une semaine !
JOIE.
Gé-nial!!! "les vocalises pré entretiens" haha je connais ça ! Vivement la suite !
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